mardi 1 décembre 2015

SSC 9/2 - Voeux pour 2016, année de résistance, de lutte et d’alternance démocratique au Luabongo !


Meilleurs vœux à tous !

Meilleurs voeux 2016 à ma femme mariée et à mes lifanto et à mes koko, à mes « familles » et à mes « proches » : ba tata na ba mama, ba koko na ba kulutu, ba bokilo na ba semeki, ba ndeko na ba masta !

Meilleurs voeux 2016 également au peuple du Luabongo et à ses porte-paroles les plus autorisés : les lanceurs d’alerte et sentinelles de la citoyenneté et défenseurs ou « chiens de garde » des droits de l’homme, de l’Etat de droit et de l’égalité de tous devant la loi !
Meilleurs vœux 2016 aux changeurs de monde et passeurs d’idées nouvelles !
Meilleurs vœux 2016 aux hérauts d’une pensée positive, tournée résolument vers l’avenir et affranchie des pesanteurs du passé !

Meilleurs voeux à mes amis Mopoie et Bangazegino

Bonne année 2016 !


2016, année de résistance aux manœuvres du pouvoir visant à se maintenir en place au-delà de la fin du deuxième et derniers mandat de la Haute Hiérarchie !
2016, année de la poursuite des actions entreprises par le peuple du Luabongo contre la révision de la Constitution et les intrigues et manigances du pouvoir en place !

Les précédentes grandes manœuvres visibles du pouvoir en place visant à contourner les règles constitutionnelles existantes datent de janvier 2015 : le passage en force devant l’Assemblée nationale, le 17 janvier 2015, à l’arraché, pendant le week-end (un samedi qui était également un jour férié et le jour de la commémoration de l’assassinat de Patrice-Emery Lumumba), nuitamment, vers 23h30,  d’une loi électorale visant à conditionner la tenue de prochaines élections présidentielles et législatives à l’organisation préalable et à l’achèvement d’une opération d’identification des citoyens confiée à un organe nouvellement et spécialement créé à cet effet. L’adoption de cette loi électorale devait permettre une prolongation de fait, au-delà de leur terme constitutionnel, des mandats présidentiel et législatifs venant à expiration en 2016. Cette dernière tentative a été mise en échec par la population qui s’est mobilisée dans les rues de la capitale et de nombreuses autres villes du pays lors des « Trois Sanglantes » des 19, 20 et 21 janvier 2015.

A l’heure actuelle, d’autres manœuvres sont envisagées ou se préparent activement
ayant toutes pour objectif  le glissement des élections (retarder les élections ou en rendre la tenue impossible) et l’instauration d’un troisième mandat (de fait à durée indéterminée ou résultant d'une modification des règles constitutionnelles), à savoir, notamment : 

1.      Les manipulations  de type juridique  : démembrement précipité des anciennes provinces - les grand-duchés hérités de la colonisation - suivi de la « re-centralisation » accélérée de l’autorité provinciale avec la nomination de commissaires spéciaux chargés, notamment, de préparer l'élection de nouveaux gouverneurs par des assemblées croupions hors mandat et conditionnées par les "services" (une opération de « zaïrianisation » de l’administration de l’échelon des comtés - les anciens districts également hérités de la colonisation - au bénéfice d’acquéreurs-élus locaux, mieux offrants et disposés à faire allégeance à la « majorité ») et, ce faisant, de faciliter l’organisation à l’intérieur du pays d’élections bidouillées par les « services » ou d'un referendum manipulé par les mêmes "services" ; nomination en juillet 2015 des 9 membres de la Cour constitutionnelle et publication, dès septembre, d’un arrêt de ladite Cour (accusée par de nombreux observateurs de la société civile d’avoir, ce faisant, outrepassé ses compétences et violé elle-même la Constitution qu’elle a pour mission légale de protéger !) enjoignant le gouvernement de prendre des mesures transitoires exceptionnelles pour assurer la direction de nouvelles provinces (ouvrant ainsi la voie à la nomination de commissaires spéciaux inféodés au pouvoir en place et à l'élection de gouverneurs proconsulaires de la même obédience) et à la Ceni d’organiser l’élection des gouverneurs avant tout autre scrutin; arrêt de la Cour constitutionnelle de mai 2016 considérant que, "pour consacrer le principe de la continuité de l'Etat", la Haut-Hiérarque en place  peut rester en fonction jusqu'à ce qu'un nouveau président élu soit investi (alors même que l'organisation d'élections présidentielles dans le délai constitutionnel a délibérément et systématiquement été retardée et rendue difficile... par le Haut-Hiérarque en place et ses sorciers régaliens !)nouvel arrêt de la Cour constitutionnelle (une Cour décidément très sollicitée par Shabbo, le juriste félon et par le dircab Ya Mwilan, "âme damnée" du Haut-Hiérarque ...et un arrêt prononcé au forceps, le 17 octobre 2016, par 5 juges seulement !) acceptant le report, au delà du 19 septembre, de la convocation du corps électoral; incessantes restrictions apportées illégalement, par Haut-Sommet et par différents autres sorciers proconsulaires inféodés à la Haute Hiérarchie, aux libertés publiques (droit de se réunir et de manifester, liberté d'expression, liberté de déplacement, etc) garanties par la Constitution, etc


2.      Le blocage institutionnel et financier du processus électoral provoqué par le pouvoir en place en vue de retarder ou de reporter sine die les élections : provoquer la démission de certains membres de la CENI et à en remanier la composition ; détourner ou dilapider les fonds prévus pour l'organisation des élections, faire valoir que les caisses de l’Etat sont vides et invoquer une « crise financière sans précédent » due à la chute du cuivre, du cobalt, de l’or et du pétrole pour justifier un  report sine die des élections législatives et présidentielle ou préconiser une élection du chef de l’Etat au second degré en faisant valoir que « la capacité actuelle de mobilisation des recettes ne permet pas » l'organisation de scrutin telle que prévue dans le budget de la commission électorale…

3.      L’option sécuritaire (laquelle peut toujours être actionnée dans de nombreuses provinces moyennant la réactivation par les « services » de l’un ou l’autre des groupes armés qu’ils sont en mesure d’instrumentaliser) et les tentatives renouvelées de déstabilisation menées dans le nord-est et l’est du pays (particulièrement à Beni)…

4.      Les tractations politiciennes et « arrangements entre amis » avec une frange de « l’opposition » (des opportunistes, chèvre-choutistes et faux opposants disposés à « boutiquer » leur participation au pouvoir), la convocation  par le pouvoir en place  d’un « dialogue politique national inclusif» devant se prononcer particulièrement « sur le fichier électoral, le calendrier électoral, le financement des élections, la sécurisation des élections et le rôle des partenaires extérieurs dans ce processus » et la mise en place d'un nouveau grand conciliabule dirigé par un "membre de l'opposition"…   à moins que des blocages surgissent (ou soient provoqués) et que ce prétendu « dialogue » ne débouche sur une impasse ce qui justifierait alors (d'après le pouvoir en place) de recourir au référendum pour « solliciter l’arbitrage du peuple » (sur le modèle des référendums-coups d’Etat constitutionnels opérés dans quelques pays voisins)…

Tous ces scénarios sont possibles. Tous sont étudiés, combinés et testés (fuites distillées dans la presse) ou ont déjà été activés par le pouvoir en place.

Bonne année 2016 ! 

2016, année de résistance populaire à tous les actes de brigandage électoral et politique, sécuritaire et policier, militaire et judiciaire et aux dérives liberticides, anti-démocratiques et anti-constitutionnelles d’un pouvoir aux abois !
2016, année de combat pour la défense des valeurs réellement républicaines, démocratiques et panafricaines  !
2016, année de vigilance extrême de la population !
2016, année de lutte citoyenne pour l’avènement d’un véritable « gouvernement du peuple, par le peuple et pour la peuple » (Abraham Lincoln) dans lequel la population du Luabongo trouvera enfin son compte !

Courage, convictions et détermination ! 


Et que l’année 2016… se termine en beauté par un dernier trimestre libératoire,  une issue heureuse, l’épilogue tant attendu : l’organisation dans le respect des délais et des règles fixés par la Constitution et le déroulement pacifique d’élections libres et transparentes conduisant à cette alternance réellement démocratique, à laquelle aspire le peuple du Luabongo tout entier ! 

*
*    *

Pour ma part, en tant que romancier acrobate de l’imaginaire, de la métaphore et de la parabole, ayant largement dépassé la date de péremption habituelle des matous de mon espèce, je me presserai, en 2016, de mettre la dernière main à certaines séquences inachevées du buku « Sorciers, services et crapuleux »[i], d'actualiser (dans des encadrés marqués "ndlr 2016") les séquences déjà postées lorsque cela s'avèrera nécessaire, de prédire l’avenir et d’annoncer des jours meilleurs… et de raconter comment, durant toute cette année (le mouvement ne pouvant ensuite que s’intensifier, s’approfondir, s’enraciner davantage et devenir irréversible), le peuple du Luabongo combattra l’autocratie, reprendra l’initiative, interpellera...
- Yebela, Mandat esili ! Eloko nini esilakate  ? 
la Haute Hiérarchie et viendra à bout du dernier avatar d’un « système sorcier »  qui l’opprime depuis…  depuis… depuis la fin du XIXe siècle !

Depuis cette époque, en effet, mis à part une courte parenthèse en 1960, tous les dirigeants du Luabongo (Léopold  Deux, les Noko, Seskoul et les autocrates qui se sont approprié le pouvoir par la suite) ont été des « sorciers » en ce sens qu’ils tous ont accédé au pouvoir sans avoir été investis par le peuple de la mission de gérer ses intérêts collectifs. Et qu’ils s’y sont installés et maintenus par la force et l’imposture. Et qu’ils ne l’ont jamais quitté de leur plein gré.

La question qui se pose à présent est de savoir quand et comment, entraîné par de nouvelles générations d’activistes citoyens, le peuple du Luabongo viendra à bout du dernier avatar d’un système sorcier qui l’opprime et l’exploite depuis si longtemps

Je vous invite dès à présent à parcourir UNE SORCELLERIE ! (cliquez sur : http://ssc-10.blogspot.be/), la série 10 et finale du buku « Sorciers, services et crapuleux » dans laquelle est décrit le mode de fonctionnement de ce dernier avatar du système sorcier : une pseudo-démocratie (des élections bidouillées, des Assemblées-théâtres, des sessions régulières de spectacle parlementaire, une opposition croupion,  des cours et tribunaux aux ordres, des transgressions constantes de l’Etat de droit et des droits de l’homme, une presse orientée ou sous surveillance, un refus obstiné de l’alternance dans le respect des règles constitutionnelles existantes…), une démocratie qui s’est détournée des principes démocratiques fixés dans la Constitution, une « post-démocratie » ayant, dans les faits, restreint considérablement l’application des règles démocratiques, une démocratie dénaturée dans laquelle le véritable pouvoir, comme sous les régimes politiques antérieurs, n’appartient pas au peuple mais aux sorciers, aux "services" et aux crapuleux qui l’ont confisqué à leur profit…

Le buku "Sorciers, services et crapuleux" y répond, particulièrement, aux questions suivantes :
- Une sorcellerie, c’est quoi ?
- Les sorciers sont-ils bons ou mauvais ?
- Pourquoi les sorciers sont-ils considérés par le Tout-Puissant Marché comme « une bande de péquenots rapaces et sans ambitions, de villageois âpres et ringards, de minables dealers de banlieue » ?
- Un peuple a-t-il sa place dans une sorcellerie ?
- Comment tout cela va-t-il bien pouvoir se terminer ?


 Vié ba Diamba





[i]  Le buku Sorciers, « services » et crapuleux est un roman. et, pour rappel (cf SCC0/1 - Mabanga : http://ssc-intro.blogspot.be/2014/11/mabanga.html)
- un roman « en ligne »,  « en dehors du marché » : un buku que les « services » ne pourront jamais, ni saisir en librairie, ni détruire par le feu, ni jeter dans le fleuve, ni enterrer nuitamment et subrepticement dans un cimetière de Maluku ou d'ailleurs…
un roman « collectif » dont les différentes séquences s’inspirent de personnes et de sources multiples, mais qui, pour des raisons évidentes de sécurité, est signé ostensiblement par une seule personne : un taxi-writer, un écrivain pousse-pousseur aisément identifiable (sous le pseudonyme de Vié ba Diamba), lequel écrit en pensant à l’avenir de ses enfants, koko et amis et se félicite de pouvoir ainsi (contribuer à) soutenir la lutte citoyenne et (contribuer à) porter la parole d'innombrables sœurs et de frères courageux et convaincus qui n'attendent pas un quelconque « salut »  d'ailleurs ou des "autres" (de l'ONU, de l'UE, de l'UA, de la FIDH, des ONG de bienfaisance ou de développement, des pays étrangers - Etats gros-bras et gros intérêts  ou voisins voraces -, de la  "Communauté internationale" et du Tout-Puissant Marché ou encore d’un « Dieu » quelconque)  mais qui comptent avant tout sur la force du peuple du Luabongo lui-même, sur l'action de citoyens déterminés à lutter et à rendre leur pays plus libre, plus égal et plus fraternel…
un roman « by goal », dont les différentes séquences  sont produites « just in time » et qui ne finira jamais avant d'avoir satisfait les « demandes sociétales » auxquelles il s'efforce de répondre rapidement (tout en se réservant la possibilité de corriger et d'actualiser en permanence les textes déjà diffusés) et d'avoir atteint les objectifs qui lui sont assignés (contribuer à la libération de Mopoie et de Bangazegino et au démantètement du système sorcier) … à moins que son (ou ses) auteur(s), traqué(s) ne soient foudroyés par Kake ou ne tombent dans les filets des agents spéciaux A.Z. et P.K...
un roman-guérilla, permanent, à jet continu, à durée indéterminée, toujours remis sur le métier, à multiples et incessants rebondissements, avec des victoires et des échecs, certes mais  toujours prêt à rebondir et à reprendre la lutte pour le changement, tiiii… la victoire finale !






Ndlr : Vous êtes encore perdu(e)s ?
Et vous vous demandez où trouver un plan de la ville, un menu de la semaine ou une table des matières quelconque… et comment avoir accès à chacune des différentes séries de séquences du buku « sorciers, services et crapuleux » ?
Problème ezali te, cliquez sur : http://sosecra.blogspot.be/









lundi 23 novembre 2015

SCC9/1 : Les métamorphoses successives du système sorcier au Luabongo et son dernier avatar, une pseudo-démocratie (post-démocratie ou "dictature constitutionnelle") dans laquelle le véritable pouvoir appartient aux sorciers, aux "services" et aux crapuleux



Le peuple du Luabongo  viendra-t-il à bout du dernier avatar d’un système sorcier, dépourvu de toute légitimité populaire, qui l’opprime depuis si longtemps… depuis … depuis… depuis la fin du XIXe siècle et l’appropriation privée du pays dans ses frontières actuelles par Léopold Deux et ses bandes armées de mercenaires, de trafiquants et d’enfants-soldats ?

Depuis cette époque, en effet, mis à part une courte parenthèse en 1960, tous les dirigeant du Luabongo, sous tous les régimes, ont été des « sorciers » en ce sens qu’ils ont tous accédé au pouvoir sans avoir été investis par le peuple de la mission de gérer ses intérêts collectifs et qu’ils s’y sont tous accrochés obstinément et qu’ils ont tous géré le pays au mieux des intérêts, non pas de la population mais de « colons » ou de "néo-colons" de différents genres, de leurs agents et de leurs associés et collaborateurs locaux : trafiquants de main d’oeuvre, d’ivoire et de bois tropicaux, collecteurs et exportateurs de caoutchouc naturel, chercheurs d’or et d’autres minerais, commerçants de traite, planteurs  et missionnaires, actionnaires et dirigeants d’entreprises d’extraction minière et, à présent, nouvelles bourgeoisies « compradores » s'autoproclamant  «nationales »  ou  « émergentes ».
Ces régimes autoritaires peuvent en effet, de façon sommaire et successivement,  être caractérisés de la façon suivante :

1.  Prise de possession  et occupation violente des empires, royaumes, chefferies et autres établissements  humains situés dans le bassin du Luabongo, par les bandes armées léopoldiennes composées de mercenaires originaires de toute l’Europe (et de jeunes gens, de captifs et d’enfants-soldats embrigadés ou enrôlés de force … qui constitueront la tristement célèbre « Force publique », une force de police devant servir à intimider la population et à réprimer les mouvements de contestation populaire), appropriation autoritaire du sol et du sous-sol par le prétendu nouvel Etat (sur ce plan, la loi Bakajika n’a donc rien inventé et s’inscrit même directement dans la tradition léopoldienne en ce qu'elle confirme l'expropriation des terres, mines, lacs, rivières et forêts exploitées communautairement depuis toujours par les collectivités locales qui en étaient propriétaires) et mise en œuvre d’un système de prédation des ressources naturelles via l’instauration d’un « bagne collectif » dans lequel la population, « encadrée » très étroitement par l’administration des « districts »,  les « compagnies concessionnaires » et les sociétés missionnaires, est mise au travail forcé sur ses propres terres au bénéfice des envahisseurs ;

2.   Transformation d’un Etat prétendument indépendant en une « colonie », quadrillage du pays et encadrement méthodique de la population par une administration para-militaire dite territoriale disposant, comme sous le régime léopoldien, du concours actif de la Force publique et des missions chrétiennes ; génocide culturel et déstructuration systématique des sociétés traditionnelles, de leurs institutions, de leurs systèmes de croyances, de production, de consommation, d’éducation, de santé, de justice, de citoyenneté et de solidarité : « indigénisation », « christianisation » et « caporalisation » (ainsi peut être caractérisé, sommairement, le paternalisme colonial, dit « sévère mais bienveillant » des Noko) et « prolétarisation » d’une population dépossédée de ses terres et de ses valeurs, mise sous tutelle et réduite à une condition servile (obligation de vivre et de travailler dans une circonscription déterminée et d’y fournir des prestations au bénéfice de l’occupant); on passe peu à peu du pillage primaire des ressources naturelles à une « mise en exploitation» plus rationnelle, renouvelable et plus rentable (dans l’optique des opérateurs économiques coloniaux évidemment ! ainsi pourrait-on parler de « colonialisme scientifique » ou de « colonialisme durable » !), on ne coupe plus les mains, on ne fusille (presque) plus, on chicote, on impose des cultures obligatoires et des « travaux d’ordre éducatif », on entreprend même de former quelques « clercs » et « agents locaux», des moniteurs et des infirmiers, des  contremaîtres et des sous-officiers, des machinistes et des mécaniciens nécessaires au développement de l’entreprise coloniale et au renforcement de ses capacités de prédation…

3.  Renversement de la première République et de ses institutions élues par un coup d’Etat militaire inspiré par l’étranger dans le cadre de la guerre froide opposant l’Est et l’Ouest et instauration d’un régime répondant globalement aux intérêts géopolitiques (économiques, sécuritaires, de défense, etc) occidentaux, un régime dont la politique de promotion des valeurs culturelles autochtones et de « recours à l’authenticité » en réponse au "génocide culturel colonial" (politique ayant de toute évidence contribué à développer, dans tout le pays, un sentiment d'appartenance nationale qui a, jusqu'à présent, permis à la population du Luabongo de résister victorieusement aux nombreuses tentatives de démembrement opérées depuis l'extérieur... mais ayant aussi "folklorisé" ou contrefait de façon parfois caricaturale certaines analyses et conclusions pertinentes formulées par Auguste Mabika Kalanda dans son ouvrage fondateur « La remise en question, base de la décolonisation mentale ») cachait mal l’absolutisme quasi-monarchique et la sujétion de tous à la pensée unique d’un « guide clairvoyant » (lequel était d'ailleurs, quelquefois, très peu "inspiré" en matière économique si l'on considère les ratés relatifs du barrage d'Inga et de la ligne à haute tension Inga-Shaba, les incohérences de la "radicalisation" ayant eu pour effet pervers de détruire une classe d'entrepreneurs nationaux qui commençait à émerger et qu'une "zaïrianisation" bien conduite aurait permis de conforter, la réalisation de projets d'envergure de type "éléphants blancs", plus coûteux que productifs, tels que la sidérurgie de Maluku ou le Domaine agro-industriel de la N'Sele, l'incapacité, depuis les années 1975, à réagir de façon dynamique à l'évolution de l'environnement économique et politique international, qu'il s'agisse de la fin de la guerre du Vietnam et de la chute du cours du cuivre ou, plus tard, de la chute du Mur de Berlin et de la fin de la guerre froide) qui s’était auto-promu au grade de « Maréchal »; encadrement politico-policier d’une population enrégimentée  par un Parti-Etat (le MPR) dont l’implantation était calquée sur le système d’administration colonial…

4.  Appropriation du pouvoir par un chef de guerre (par auto-proclamation et avec le soutien d’armées et d’intérêts miniers étrangers) et, après son assassinat, désignation d’un « héritier » par un petit groupe de personnes non-habilitées (une cooptation familiale suggérée par certains représentants du Tout-Puissant Marché) suivi du maintien au pouvoir de l’héritier ainsi désigné par des élections bidouillées ; instauration d’une pseudo-démocratie dans laquelle le véritable pouvoir appartient, comme sous les régimes précédents, aux sorciers, aux "services" et aux crapuleux qui l'ont confisqué à leur profit : aussitôt après l'entrée en vigueur d'une nouvelle constitution répondant à un modèle démocratique ordinaire, le Luabongo est, en effet, très rapidement devenu une "post-démocratie" ou une "dictature constitutionnelle" faisant fi des règles et principes fixés dans la Constitution et restreignant considérablement dans les faits l'application des règles démocratiques, une démocratie "à la mode de chez nous" sous prétexte de "souveraineté nationale", une démocratie dénaturée se contentant de satisfaire aux conditions de forme minimales exigées par la communauté internationale (des Assemblées-théâtres, des sessions régulières de spectacle parlementaire, une opposition croupion… parfois nzing-nzong ou chauve-souris et souvent perdiémiste); installation de cours et de tribunaux aux ordres; inféodation de l'armée et de la police; incapacité ou manque de volonté sérieuse de mettre définitivement fin à des rébellions et des guerres incessantes attisées par certains pays voisins, des intérêts miniers étrangers, des jeux politiques internes... et les "services"; transgressions constantes de l'Etat de droit et des droit de l'homme (massacres, viols, arrestations et détentions arbitraires) ; manipulation, désinformation  et instrumentalisation des missions diplomatiques et onusiennes au Luabongo; presse orientée ou placée sous surveillance des "services" (intimidation, incercération ou assassinat de journalistes et mise au pas des organes de presse jugés trop indépendants); interdiction des manifestations de l'opposition et de nombreuses manifestations de mécontentement populaire  (paysans, fonctionnaires et employés, travailleurs, mineurs et creuseurs artisanaux, sans emploi, étudiants, habitants d'u quartier dévasté par la pluie) et marches de protestation citoyennes (contre les exactions des "forces de l'ordre" et  l'insécurité, contre les violences faites aux femmes, contre la pollution des champs et des rivières, pour l'accès à l'eau potable et à l'électricité, pour l'enlèvement des immondices, etc); répression incessante, par des « services » omnipotents et omniprésents, des lanceurs d’alerte et sentinelles de la citoyenneté, des défenseurs des droits de l’homme et de l’Etat de droit et des changeurs de monde et passeurs d’idées nouvelles auxquels il est reproché de faire usage de leur liberté d’expression… et qui sont généralement poursuivis, par les « services » (dont les « scénaristes » manquent  curieusement d’inspiration), de "complot insurrectionnel" visant à attenter à la vie du chef de l’Etat, avec, de préférence, découverte d'armes de guerre (on trouve toujours des armes quelque part, il suffit de les y placer et  les mêmes armes peuvent être utilisées plusieurs fois, dans plusieurs "complots"), de couteaux de cuisine et de tessons de bouteilles ou, à défaut et en cas d'urgence, de comportements sexuels inappropriés dans un hôtel de la place; refus obstiné de l'alternance démocratique selon les règles fixées par la Constitution ;

Mis à part le Premier ministre élu Patrice-Emery Lumumba et son gouvernement légitime (1960), tous les dirigeants du Luabongo ont donc accédé au pouvoir et s’y sont maintenus par la force et l’imposture… et aucun d’entre eux ne l’a jamais quitté de son plein gré.
Les causes des différents changement opérés à la tête du pays ont, en effet, été successivement :
- une cession résultant de pressions exercées par l’opinion publique internationale et par des banquiers, soucieux de productivité et désireux de rentabiliser de façon optimale leurs « investissements »,
- le combat politique mené par la population du Luabongo en vue de sa libération,
- le largage et le renversement d’un dictateur dont le profil ne répondait plus à l’évolution du contexte géopolitique et son remplacement par un chef de guerre commandité par des pays voisins et des intérêts miniers étrangers,
- l’assassinat de ce chef de guerre qui s’était autoproclamé dirigeant suprême mais qui, à son tour, en était venu à déplaire à certains de ceux qui l’avaient porté au pouvoir.

Léopold Deux, les Noko, Seskoul et les autocrates qui se sont approprié le pouvoir par la suite, tous les dirigeants qui se sont succédés à la tête du Luabongo se sont, en effet, emparés de la chose publique et ont imposé une culture de la prédation, de l’autoritarisme, de la désinformation, de la répression et de l’impunité leur permettant de piller, à leur profit et à celui de leurs commanditaires, les ressources du pays et d’en exploiter les habitants sans avoir à rendre de comptes à personne… et surtout pas au peuple dont ils s'étaient appropriés la souveraineté.
Et tous ont fini par être évincés et, jusqu’à présent, par être remplacés par… un autre système sorcier, d’une nature juridique certes très différente (à l’Etat prétendument indépendant ont succédé une colonie d’exploitation, puis une première république, puis une deuxième se prétendant « populaire » et « révolutionnaire » puis une troisième se prétendant « démocratique », etc) mais également prédateur, autoritaire, fabulateur, répressif et dont les actes de brigandage en tous genres ont toujours été dénoncés par la population mais sont jusqu'à ce jour demeurés impunis.

La question qui se pose à présent est de savoir si le peuple du Luabongo supportera encore longtemps d’être « encadré », « rançonné »  et « vampirisé » par des sorciers sans légitimité populaire. Et de savoir quand il se réappropriera non seulement son territoire (son sol, son sous-sol, ses forêts, son fleuve, ses lacs et ses rivières) mais aussi et avant tout sa souveraineté, ce pouvoir d’initiative et d’auto-gouvernement dont il a constamment été dépossédé. Et de savoir comment, poussé par de nouvelles générations d’activistes citoyens, convaincus, courageux et déterminés, il viendra à bout du dernier avatar d’un système sorcier, dépourvu de toute légitimité populaire, qui l’opprime depuis si longtemps

Dans la série 10 et finale du buku "Sorciers, services et crapuleux" (cliquez sur: http://ssc-10.blogspot.be/), je décrirai le mode de fonctionnement du dernier avatar du système sorcier en répondant particulièrement... Un peu de droit sorcier, c'est indigeste mais c'est parfois nécessaire, non ?, à  différentes questions qui me sont régulièrement posées, telles que : 
- Une sorcellerie, c’est quoi ? 
- Les sorciers sont-ils bons ou mauvais ? 
- Pourquoi les sorciers sont-ils considérés par le Tout-Puissant Marché comme « une bande de péquenots rapaces et sans ambitions, de villageois âpres et ringards, de minables dealers de banlieue » ? 
- Un peuple a-t-il sa place dans une sorcellerie ? 
- Comment tout cela va-t-il bien pouvoir se terminer ?




Ndlr : Vous êtes perdu(e)s ?
Et vous vous demandez où trouver un plan de la ville, un menu de la semaine ou une table des matières quelconque… et comment avoir accès à chacune des différentes séries de séquences du buku « sorciers, services et crapuleux » ?
Problème ezali te, cliquez sur : http://sosecra.blogspot.be/